Création de la « Société Chorale de l’Usine 1860 »
Le 9 février 1860, le baron Pron, alors préfet du Bas-Rhin, signait à Strasbourg l’arrêté autorisant la création de la « Société Chorale de l’Usine 1860 ». En effet, au mois de décembre 1859, quelques employés de l’Usine de Graffenstaden, qui se retrouvaient régulièrement pour chanter sous la direction de l’instituteur M. LIEHRMANN, en avaient décidé ainsi : ils formeraient une chorale pour partager leur plaisir de chanter. La direction de l’Usine, le plus gros employeur de la commune, leur accorda son patronage et favorisa le chant choral comme activité culturelle et de détente de ses employés. Très vite, ce choeur d’hommes fut connu sous le nom de « Herre-Choral ».
Les guerres ont vite marqué les 146 ans d’existence de la Chorale.
Dix ans après sa création, la guerre franco-allemande de 1870 amena l’annexion de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne, et inaugura pour la Chorale une longue période de résistance à la germanisation de notre province. Un répertoire parsemé de chants patriotiques et l’organisation en 1886 d’un Festival de Chant et Musique nettement francophile sont autant de jalons mémorables de la lutte larvée contre l’envahisseur allemand. Le summum de cet attachement à la France se manifesta ouvertement en 1913 et aboutit à ce qui fit grand bruit à l’époque sous le nom de « d’Graffestader-Affaire » : l’affaire de Graffenstaden. Selon le témoignage d’Anciens, lors d’une soirée Sainte Cécile, en présence des directeurs de l’Usine et du « Stadthalter » prussien, au milieu du festin, le rideau se lève et des zouaves français se trouvent sur scène, des fusils Lebel en fuseau, recouvert de l’étendard français, pendant qu’en coulisses retentit le clairon. Ceci fit bondir le « Stadthalter » et amena son brusque départ, malheureusement aussi par la suite, l’expulsion de Graffenstaden des directeurs de l’Usine, messieurs Heyler et Luck. La première guerre mondiale 1914-1918 provoqua la mise en veilleuse de l’activité de la Chorale mais celle-ci reprit aussitôt après l’armistice et à partir de 1922, elle participa très honorablement à plusieurs Concours de Chant. Une nouvelle fois, de 1939 à 1945, la vie de la Chorale fut perturbée par la guerre. Malgré la perte de plusieurs membres et les séquelles de la souffrance dans bien des coeurs, pour retrouver entrain, courage et joie de vivre, les anciens s’unirent dès 1946 pour réanimer leur Chorale, et purent cette année même donner un concert autour du thème « Le Bercail ».
Les manifestations et prestations se sont poursuivies tout au long des années suivantes mais les rangs s’éclaircissaient inexorablement, au point de ne plus pouvoir assumer seuls un concert public. Les quelques fidèles chanteurs, la mort dans l’âme, voyaient s’éteindre peu à peu leur « Herre-Choral ». Il subsistait peut-être une chance de revivre : ouvrir ses rangs aux dames et demoiselles, transformer la chorale d’hommes en choeur mixte ! C’est ainsi que dès la rentrée de 1973, 13 dames et 14 messieurs avaient répondu à l’appel et démarraient la « Chorale Mixte 1860 ». C’est ainsi que nous avons pu remonter la pente et reprendre activement part à la vie culturelle et musicale de notre ville.
En 1982, après le départ du chef Albert FUGER, le Professeur André LAMBLIN est venu prendre la direction musicale et a su, avec grande compétence et savoir-faire, et non sans humour et bonhomie amener notre choeur amateur à une qualité remarquée. La bonne entente, la convivialité, un véritable « Esprit de Famille » entre les membres, font que chacune et chacun attend avec impatience et plaisir la répétition du vendredi soir : tous nous avons à coeur de suivre le chef de notre mieux. Notre récompense est de jouir de la satisfaction que nous procure un « chanter ensemble » attrayant et harmonieux, qui apaise et détend.
Le concours international de chant choral de Vérone en mai 1996 a été un événement marquant, tant par la première médaille d’argent que nous y avons remportée que par la chaleur et l’accueil d’une chorale montagnarde avec laquelle nous avons partagé une soirée de chant et d’amitié inoubliables. Stimulé par cette médaille d’argent, nous avons trouvé que notre dénomination « Choeur Mixte 1860 » était bien fade. Parmi les différentes propositions, « Le Choeur de l’Ill » a fait l’unanimité et l’Assemblée Générale de mai 1996 a entériné notre nouveau nom.
La recherche de l’harmonie, autant vocale que sociale, que nous essayons de cultiver sans prétention, mais avec persévérance, est notre meilleur atout, et attire celles et ceux pour qui le chant en commun est un puissant facteur de bien-être, une aide précieuse pour une vie moins grise et détendue, un apport pour une vie de relations harmonieuses dans la cité, un plaisir personnel inestimable. Chanter apporte à l’être humain, épanouissement, courage, joie de vivre et l’aide à partager avec ses semblables les moments joyeux ou difficiles de la vie. Chanter en choeur rompt la solitude qui peut être si pesante de nos jours. Et la santé profite largement de l’excellent exercice que constitue la pratique du chant. Si vous avez des doutes, venez essayer notre méthode en participant à une de nos répétitions hebdomadaires, le vendredi à 20h00, à la Vill’A à Illkirch-Graffenstaden. Nous relevons le défi que vous serez vite convaincu ! C’est avec joie que nous vous accueillerons, heureux de vous faire profiter de notre « trésor » et de continuer avec vous notre marche vers le 160ème anniversaire du Choeur de l’Ill. Joseph FREYMANN, Président d’Honneur